C'est comme Ca Chez Pierre: CCCP

Publié le par Nicolas

Voici "quelques" lignes sur mes vacances du nouvel an 2007 à Moscou. Féliciations aux courageux qui réussiront à tout lire!
 
Mercredi 27 décembre :

Je quitte Paris vers 9h45 avec un petit quart d’heure de retard, le temps de dégeler l’avion… c’est rassurant ! Pendant le vol, je m’amuse à observer les ondes qui se propagent dans la mer de nuages lorsque celles-ci croisent un sommet alpin, eh oui vu d’ici les sillages apparaissent aussi clairement que l’arrière d’un bateau… Aaaah la mécanique des fluides (désolé pour cette digression professionnelle). Je profite également du temps de vol pour me plonger dans mon guide pour revoir rapidement l’alphabet cyrillique et apprendre quelques mots à des fins de survie. Arrivée à Moscou à 15h45 après 4 heures de vol (décalage horaire oblige). La nuit commence déjà à tomber. Malgré une certaine appréhension, la douane s’avère une simple formalité. C’est une fois sur le sol russe que les choses se compliquent. A peine le portique passé que me voilà harcelé par des chauffeurs de taxi (officiel ou pas, je n’en sais rien). Et dire que je suis obligé d’attendre Jef pendant une demi-heure. Niet, no, non, nein, … j’ai beau tout essayer, cela ne semble pas les convaincre. Heureusement, je finis par me rendre compte que j’attends Jef à la mauvaise porte, et qu’une fois arrivée à la bonne il n’y a pas grand monde de ce côté de l’aérogare.

Un peu avant que Jef n’arrive, je retrouve Viktor (notre chauffeur) grâce à un petit panneau où figurent nos deux noms. Je me présente, mais malheureusement la discussion s’arrête là. C’est la première fois, et pas la dernière hélas, que je regrette de ne pas parler russe pour être en mesure d’échanger avec les gens.

Jef nous rejoint rapidement en arborant un joli béret bien de chez nous, je ne risque pas de le perdre !

Une fois à bord du taxi, Viktor nous fait comprendre en montrant un panneau marqué Romain Riou et en disant guitare (c’est le même mot en russe et en français) qu’il l’a déjà emmené la veille et que celui-ci est un guitariste émérite. Romain nous révèlera plus tard que l’une des phrases qu’il maîtrise le mieux en russe est : je sais jouer de la guitare, d’où ce bref échange. Nous roulons sur une 2 fois 4 voies (ou 5 pour les barbares qui passent sur le bas côté pourtant défoncé par le gel). A noter que la route semble également souffrir et seule la parfaite maîtrise de Viktor nous fait éviter ces quelques pièges. Et puis que dire sinon que c’est l’anarchie, ça déboule dans tous les sens, il y a des voitures arrêtées sur le bas côté, voire pour certaines jigoulis (la voiture russe par excellence) sur la route, peut être en panne ?!?

Après 2h30 de trajet pour parcourir les 30 km qui nous séparent de Moscou, nous arrivons chez Pierre. C’est dingue il nous faut presque plus de temps pour couvrir la distance aéroport de Moscou, centre de Moscou que Paris-Moscou en avion !

Nous retrouvons Pierre, Romain et Natalia au bout des six étages qui nous séparent de son appartement. L’appartement est spacieux : deux salles de bain, un salon et une seule chambre, chercher l’erreur. A pardon, j’ai oublié de préciser que l’une des salles de bain est équipée d’un jacuzzi ! Ensuite nous déballons nos affaires et surtout les victuailles ramenées en prévision du réveillon (champagne, vin rouge, saucisson, foie gras, …). J’ai également ramené un petit morceau de mon pays : du caramel au beurre salé à tartiner (aaaah le beurre salé, le seul, le vrai, celui qui a du goût !).

Direction ensuite un restaurant pour sustenter les grands voyageurs que nous sommes. Pour la première fois, j’affronte les rues moscovites. Règle numéro 1 : ce n’est pas comme en France et encore moins comme les pays du nord, ici la voiture en reine. Ne surtout pas chercher à traverser les 2 fois 4 voies du centre. Trop de trafic, à se demander si lorsqu’il voit un piéton sur la chaussée, ils n’ont pas tendance à accélérer.

Notre curiosité est attirée par les nombreuses enseignes qui nous semblent incompréhensibles au premier abord. La transcription de l'alphabet cyrilique à l'alphabet latin est parfois un peu longue, mais au bout du compte nous découvrons avec amusement que les noms sont souvent les mêmes, adaptés à la sauce russe. A titre d'exemple nous retrouvons bon nombre de restaurant, salon, café house (prononcé cofi raousse), ... Dans la série liens entre les langues française et russe, deux termes m'ont frappés: bistrot et kopec. Bistrot, cela veut dire vite. Ce terme est apparu en France en 1870 lorsque les soldats russes demandait dans les cafés parisiens à manger rapidement. Depuis le terme est resté. Pour le deuxième mot, cela me rappelle l'expression "cela ne vaut pas un kopec". Cette unité correspond au centime de rouble. Je me demande si le métal contenu dans la pièce ne vaut pas plus que la valeur de la pièce en elle-même (0,0003 euros). C'est dire si  l'expression est adaptée.

Après une première tentative dans un restaurant népalais, nous optons pour un restaurant allemand. Au programme une bonne bière et quelques saucisses. Autre leçon importante, ici le serveur est roi et le fait bien comprendre. Il faut patienter longtemps avant d’être servi et surtout ne pas lui faire sentir son impatience. Pas facile ces premiers pas en Russie !

Nous complétons finalement notre repas dehors en prenant un sandwich au Stardogs (un des nombreux kiosques qui proposent des denrées aussi diverses et variées que des mouchoirs, du pain, des CD, … sur la chaussée ou dans les couloirs du metro). Il est également possible d’acheter de la bière tiède. Vous avez bien lu et non il ne s’agit pas d’une lubie d’anglais égaré à Moscou. Il s’agit même d’un des rares pays où il est possible de dire, bois ta bière avant qu’elle ne refroidisse ! Avec des températures qui peuvent descendre en temps normal jusqu’à –20°C, cela peut vite tourner à la glace à la bière.

Nous rentrons ensuite par le métro. Il est très impressionnant, enfouit à plus de 40 m sous terre, la descente se fait sur des escalators d’une longueur impressionnante (la durée du trajet peut aller jusqu'à 2 minutes !). La station est superbement décorée et elle est nettement plus grande que la plupart des stations parisiennes. Le réseau est un peu entre le RER et le métro parisien. Les stations sont relativement espacées mais par contre la fréquence des rames est très élevée (2 minutes entre chaque rame). De retour chez Pierre nous sombrons dans un sommeil réparateur. Je dors avec Romain dans le salon et Jef campe dans la cuisine.

 

Jeudi 28 décembre :

Pierre et Natalia partent travailler : réveils à 6h50, 6h55, 7h00, 7h05, 7h10… non il n’y a pas un réveil pour chacun de nous, il s’agit de toutes les sonneries successives pour assurer le réveil de nos deux hôtes.

Les vacanciers prennent leurs temps eux, nous nous mettons tranquillement en route pour rejoindre à pied le bureau de Pierre en fin de matinée. Romain et Jef éprouvent quelques difficultés à traverser l’une des voies, il faut dire que les pilotes moscovites semblent les avoir pris en grippe… ce ne doit pas être simple pour les personnes âgées de survivre dans ce milieu hostile. Nous empruntons ensuite la rue Arbat, rue piétonne et touristique. Elle est bien déserte en cette fin d’année, nous y rencontrons principalement des hommes sandwichs.

Le challenge « Romain » commence ensuite. Nous devons rejoindre Pierre avec les mêmes indications que Romain avait reçu la veille. Ce dernier, incapable de trouver les ascenseurs menant au bureau de Pierre, avait du l’appeler. A nous de faire mieux.

Après s’être égaré une première fois de ma faute, nous atteignons le bon bâtiment. Nous avons de la chance, ils viennent de rouvrir une passerelle qui traverse la 2 fois 4 voies. Romain, lui, avait dû chercher l’entrée d’un obscur sous terrain pour traverser.

Ensuite impossible de trouver dans le centre commercial les ascenseurs menant au bureau. Après 5 minutes de balade, Romain reprend les choses en main et nous montre l’accès bien discret qui mène aux ascenseurs.

Nous rejoignons ensuite l’organisme qui nous a invité pour régulariser notre situation. En effet Pierre, en tant qu’étranger, n’a pas le droit d’inviter d’autres personnes. Pour obtenir nos visas, il a donc fallut passer par un organisme russe.

Cette formalité effectuée, nous partons en quête d’un restaurant. Bien qu’un Mac Do ait été envisagé, nous y renonçons suite à une promesse faite par Pierre à Natalia. Direction My (Meuh-Meuh en Russe), une chaîne de self, un peu comme Flunch. Nous suivons les conseils de Pierre et optons tous notamment pour du borsch : soupe typiquement russe aux betteraves, à la crème et aux morceaux de viande.

Pierre nous quitte, il n’a pas la chance d’être encore en vacances. Direction la Place Rouge. Je ne suis pas déçu par ce monument de la culture russe. Cette place est vraiment impressionnante : encadrée de part et d’autres de superbes bâtiments : à l’est le Goum (grand centre commercial de la fin du XIXème), à l’Ouest le Kremlin et le mausolée de Lénine, au nord un superbe bâtiment de brique rouge et au sud la cathédrale Saint Basil. Nous dégainons nos appareils respectifs pour une première série de rafale.

Nous visitons ensuite la cathédrale Saint Basil. Sous tous ses petits chapeaux hauts en couleur, il n’y a pas un seul et grand hall mais une multitude de petites alcôves sous chacune des tourelles. Nous découvrons les premières icônes d’une longue série.

De retour sur la Place Rouge, nous faisons un petit saut au Goum. A noter que pour y accéder, il faut passer sous un portique détecteur de métaux. Ce sera d’ailleurs le cas pour accéder par la suite dans la plupart des lieux publiques, les risques inhérents au conflit au tchétchènie semblent tout à coup bien présent. Il s’agit d’un triple passage couvert sur trois étages resplendissant sous ces décorations de Noël. On y trouve tout type de magasin, de la pharmacie au magasin de luxe en passant par la boutique de souvenirs.

Direction ensuite le Kremlin. Arrivée à l’entrée touristique, nous découvrons avec plaisir qu’il est fermé le jeudi… ce n’est que partie remise. Par contre, il faut trouver une solution de rechange. Je propose d’aller visiter le musée national d’histoire. Nous rejoignons la place Loublianka, tristement célèbre du fait de la présence des bâtiments de l’ex KGB. Le musée nous semble bien petit, après vérification, il s’agit du musée d’histoire de Moscou : bien joué Nicolas. Trop tard pour opter pour une autre visite, nous pénétrons dans ce petit microcosme. Il faut commencer par patienter une dizaine de minutes pour quelqu’un vienne s’occuper de nous au guichet. Une petite grand-mère finit par arriver, nous achetons nos billets. La visite du musée tourne rapidement à la balade : pas de versions anglaise ou française. Quelques cartes et croquis sont cependant intéressants pour voir l’évolution de la citée le long des âges. Ce qui est remarquable, et qui s’avèrera récurrent, c’est que les salles des musées sont gardées par des babouchkas (grands-mères), probablement pour compléter une retraite insuffisante voire inexistante.

A notre sortie, la nuit est tombée, nous retournons sur la Place Rouge pour profiter des éclairages nocturnes. Au passage, nous observons un bien étrange manège : des personnes jettent des pièces sur une rosace à l’entrée de la place, probablement pour faire un vœu, jusque là cela semble normal. Par contre, des babouchkas se précipitent ensuite pour les ramasser ! La misère tournée en spectacle au vu et au su de tous, sordide à souhait.

Retour à l’appartement. Une bonne boisson chaude, un bon repas plus tard, nous entamons une partie de Siedler (ou les colons de Catane). Romain espère toujours nous payer une bouteille de champagne pour sa première victoire à ce jeu : ça fait quant même 5 ans qu’on l’attend ! Ce ne sera pas pour cette fois, j’ai une chance inouïe et je gagne rapidement.

C’est l’heure d’aller se coucher. En me changeant, je découvre avec stupeur l’état de mon pantalon. En une journée, la boue (enfin plutôt la pollution) issues de la neige et d’un intense trafic ont eu raison de sa blancheur.

 

Vendredi 29 décembre :

Réveil de bonne heure en même temps que Pierre et Natalia. Au plus grand dame de Romain, Jef a une drôle de notion du partage, en tout cas du partage du Nesquick… Le chocolat au lait porte bien son nom pour Jef, c’est nettement moins le cas pour Romain vu la pâleur de son bol.

A la sortie du metro, nous découvrons un superbe spectacle, la cathédrale saint Basile en contre jour. Nous prenons ensuite la direction de l’entrée du Kremlin sous le froid matinal. Le ciel c’est dégagé pendant la nuit et les températures sont descendus à –8°C. Merci au passage aux amis n7iens qui ont eu la bonne idée de m’offrir une chapka pour mon anniversaire, elle est bien appréciable dans de pareils moments. Romain lui semble souffrir au niveau des pieds, il faut préciser qu’il ne peut plus mettre ces chaussures de rando, vu qu’il ne les a pas réparée depuis un collage de fortune lors de la dernière rando (voir article sur notre périple dans le Queyras).

Nous avons bien du mal choisir quels billets nous devons acheter, les rares informations disponibles ne sont pas trop explicites. Nous optons pour l’accès au Kremlin plus la visite de l’armurerie. La vendeuse nous fait comprendre que l’entrée se fait par un autre accès à l’extrémité du Kremlin. Au bout d’une demi-heure de queue et alors que nous approchons de l’entrée, une guide anglaise nous signale qu’il n’est pas possible d’entrer avec un sac à dos et qu’il faut les laisser à la consigne… près des caisses. Je mets rapidement le sac de Romain dans le mien et pique un premier sprint pour rejoindre la consigne à 500 m de là. Arrivé essoufflé là-bas, je me retourne et vois Romain qui me rejoint, ces billets sont dans son sac ! Romain prend ses billets et repart, je dépose rapidement nos sacs et repart pour un petit sprint. J’arrive juste à temps pour rejoindre Jef et Romain qui sont presque à l’entrée. Si j’avais un peu froid à attendre, ce petit aléa aura au moins eu l’avantage de me réchauffer.

La collection de l’armurerie est très intéressante, s’y côtoie des vêtements du XIXème, des trônes, les cadeaux offerts par les différents ambassadeurs (superbe), des carrosses et des armes bien sûr.

Une fois sortis du musée, nous longeons les fortifications pour accéder aux cathédrales. La foule est surveillée de près par les gardes (logique, Poutine n'est pas loin!) et des agents en civils équipés de mégaphone. Ils rappellent à l'ordre le moindre visiteur faisant un écart: c'est assez inquiétant au début d'entendre ces vociférations, surtout dans une langue qu'on ne comprend pas et qui est assez dure en elle-même (sauf quant elle est déclamer par une chramante russe, ok ce n'est pas très objectif). Mais revenons aux cathédrales: principales curiosités du Kremlin. Les clochers dorés et autres décorations sont superbes sous le soleil qui a bien voulu faire son apparition. Ensuite nous découvrons deux chefs d’œuvre de la fonderie russe : la plus grosse cloche du monde et le plus gros canon de Russie… qui n’ont jamais servi l’un comme l’autre ! La cloche, qui pèse pas moins de 200 tonnes, c’est cassée juste après avoir été fondue. Le canon pour sa part a semble-t-il été mal dimensionné et serait bien incapable de propulser les boulets posés à ces côtés.

Nous sommes déjà en début d’après midi et décidons d’aller nous restaurer avant une nouvelle visite. Après avoir hésité un temps pour un classique Mac Do, nous préférons essayer ce qui s’apparente à un restaurant rapide italien : sbaro. Nous prenons une part de pizza et des entrées (au poids). Une bonne surprise attend Jef à la caisse, la vendeuse lui rend la monnaie sur 500 roubles alors qu’il en a donné 1000. Essayer de faire comprendre l’erreur par signes, pas simple. Après 10 bonnes minutes de discussions, enfin de gesticulations, la responsable finit par recompter la caisse et donne raison à Jef, entre temps par contre les plats ont refroidis.

Pour ma part, je piaffe d’impatience de poursuivre les visites, mais mes compagnons sont plutôt dans une phase de digestion et commencent à sombrer. Je les abandonne donc une petite demi-heure pour me balader et faire quelques photos.

Direction ensuite le musée national d’histoire (le bon cette fois-ci). Il s’agit en fait du superbe bâtiment rouge qui ferme la place rouge au nord (on est quand même passé trois fois devant hier sans le savoir). Ce musée est composé de très nombreuses salles, décorées en fonction des thèmes abordés dans chacune d’elles, cela va des premiers hommes arrivés en Russie jusqu’à nos jours. Le bâtiment en lui-même vaut le détour. Tellement impatient d’entamer la visite, je me précipite dans les escaliers, erreur ! L’humidité aidant, je m’étale de tout mon long, sous le sourire de mes deux compères, heureusement sans gravité. Nous avons beau demander un audio-guide au bureau des guides, il semble que ce n’est pas la bonne heure (14h00 ????). Ce sera donc free-style une fois de plus, vu que tous les commentaires sont en Russes. Enfin non pas complètement, la salle sur les campagnes Napoléoniennes nous est compréhensible puisque les documents sont en … français !

Un autre texte attire notre attention : la fièvre de la liberté. Cette note de la fin de XVIII décrit une maladie apparut en France qui semble provoquer dans troubles chez beaucoup de personnes classées dans la catégorie fainéants !

Avant de rentrer chez Pierre, nous faisons un crochet par le Bolshoi pour retirer des places que j’ai réservé par internet. Comme d’habitude, pas moyen de parler anglais, français ou même allemand. En fait les seules personnes qui semblent parler anglais sont les vendeurs à la sauvette devant le théâtre, qui ne manquent pas de nous harceler au passage. Après s’être fait rembarrer à un premier guichet, nous obtenons enfin les précieux sésames.

Cela fait quand même du bien de se poser après une journée à piétiner. Je ressors juste un peu avec Pierre faire quelques courses en prévision du réveillon. Finalement, les denrées proposées ne sont pas très éloignées de celles que l’on peut trouver en France, les prix aussi d’ailleurs. Ce qui me confirme que la vie est bien chère à Moscou. Nous complétons notamment les stocks d’eau (l’eau du robinet n’est pas trop conseillée) et de petite eau (quasi littéralement vodka).

De retour à l’appartement, je prépare des rillettes de saumon pour dimanche soir (à la demande de Pierre). Une bonne plâtrée de pâtes en prévision des efforts du lendemain et nous sombrons dans les bras de morphée.

 

Samedi 30 décembre :

Snieg ! Il a neigé cette nuit, la fine couche déjà présente a été complétée d’une quinzaine de centimètres. Vu que tout le monde dort encore, je sors profiter de la neige (ah le doux craquement de la neige fraîche sous mes pas) et part en quête d’une boulangerie. Pierre m’a pourtant expliqué comment m’y rendre, mais malheureusement j’échoue dans ma quête du Saint Graal : pas de pain frais ce matin.

Au programme ce matin : la nouvelle Galerie Tretiakov. Pierre nous accompagne désormais, les vacances viennent de commencer en Russie. Le bâtiment qui héberge une collection d’art contemporain est un modèle d’architecture soviétique brejnévienne : un gros bloc de béton et de verre très épuré. Avant d’entamer la visite, nous devons chausser de magnifiques petits chaussons bleus par-dessus nos chaussures, très saillant. Comme souvent pour l’art contemporain, les œuvres sont plus ou moins « abordables ». J’apprécie pour ma part tout particulièrement les œuvres du début du XX, inspirées entre autre du fauvisme, du cubisme et du constructivisme.

Nous prenons ensuite la direction d’un couvent en périphérie de la ville. Pour nous y rendre, nous traversons la Moscova. Du pont nous pouvons apercevoir une immense statut à la mémoire de Pierre le Grand qui se tient à la proue d’un grand bateau. A côté se trouve la chocolaterie d’Octobre Rouge, dommage qu’on ne puisse pas la visiter… ah le chocolat !

Avant d’entamer la visite du couvent de Novodevichy, nous mangeons sur le pouce dans un Stardogs. Cette visite sous la neige est des plus agréable, c’est calme et reposant. Bien évidemment, il y a de nombreuses icônes, mais aussi de superbes parures en or. Il faut dire que ce couvent à regrouper jusqu’à 36 villages et environ 10000 serfs… de quoi vivre dans de bonnes conditions. A noter qu’à proximité se trouve le cimetière Novodevichy où sont enterrés des grands noms comme Larissa Gorbatchev (la femme a Gorby), Kroutchev, Tupolev, Prokofiev, Boulgakov…. La liste est longue.

Nous devons ensuite rejoindre Natalia chez ses parents. Elle a passé l’après midi à cuisiner avec sa mère pour le réveillon, tout est dans l’ordre des choses… Au passage nous traversons le parc VDNKh, réminiscence de la splendeur de l’union soviétique. Il s’agit d’un ancien parc des expositions créé dans les années 30 et développé dans les années 50-60. Chaque République Sœur de l’union soviétique y possédait son pavillon pour y mettre en avant les succès de l’URSS. Tombé en désuétude lors de la chute du bloc soviétique, il a progressivement été transformé en centre commercial (des esprits chagrins, comme Pierre, dirait plutôt en souk). Dommage que ce beau parc ait été livré à un capitalisme un peu trop sauvage à mon goût. Au dire de Natalia, il y aura un projet pour revenir à la vocation première de ce parc : des expositions.

L’accueil à l’appartement des parents de Natalia est des plus chaleureux. Les échanges sont un peu limités, le père de Natalia ne parle qu’un peu allemand et sa mère anglais. Cela n’empêche pas son père de nous présenter ses travaux. Il est professeur de Sciences Politique et à écrit quelques ouvrages, dont certains disposent de superbes illustrations, n’est ce pas Natalia… Romain qui parvient à placer quelques mots en russe, au plus grand plaisir du papa, se voit même offrir un de ces ouvrages. C’est un bien beau cadeau mais je crois qu’il va lui falloir quelques temps avant d’en venir à bout.

Nous nous retrouvons tous autour d’un bon thé dans la cuisine. Pierre et Natalia assurent la traduction. Et là tout s’accélère, la bouteille de vodka est sortie. Nous portons quelques toasts accompagnés de petits beignets typiquement russes à la viande et aux champignons (des piroguis). Nous n’oublions pas bien sûr de trinquer à l’amitié franco-russe.

Pour retourner à l’appartement de Pierre, nous empruntons le tram, et là surprise, à peine assis qu’une douce chaleur se dégage sous mon petit popotin. Sièges chauffants dans tramway : la classe !

La vodka nous ayant bien réchauffer, nous sommes plus que motivés pour sortir ce soir. Le B2 nous attend. Il ne rigole pas avec la sécurité, une fois de plus il y a un détecteur de métaux. Jef et moi faisons biper le portique. Le videur nous pose une question, devant notre air dubitatif, il nous fait le signe d’une arme à feu ! Non, non, rien de tel sur nous…

Cette boîte s’étale sur 4 étages, au rez de chaussée, c’est plutôt une boîte classique, au-dessus c’est plutôt des bars à concert avec des ambiances rock et latinos. 2€ la pinte de bière, nous sommes bien loin des tarifs parisiens. Nous ne manquons pas d’en profiter, le tout accompagné de quelques sushi.

Nous sommes plutôt bien entourés, ça nous changent des ambiances parisiennes, un peut trop mâles… Jef finit par aborder une charmante personne qui lorgnait sur lui depuis quelques temps. Coup de chance, ou signe du destin ? Elle parle français ! Elle a passé quelques mois en France à Rennes. Jef sors le grand jeu et l’invite à prendre un verre au bar. La discussion semble bien engagée, la grande Catherine fournit même son numéro de portable à Jef, dans l’optique de se revoir la semaine suivante.

Le retour se fait dans un état d’euphorie que nous n’avions plus connu depuis nos virées parisiennes. Il ne fait aucun doute pour ma part que Jef a dû sombrer dans un sommeil léger peuplé de rêves tous plus doux les uns que les autres.

 

Dimanche 31 décembre :

Cette fois ci, je n’échoue pas dans ma quête du Pain Graal. J’achète une dizaine de baguettes françaises pour le réveillon (des vrais puisque le boulanger est un expatrié) et des pains aux chocolats pour le petit déjeuner (et pas des chocolatines).

La mise en route est un peu difficile ce matin ou plutôt ce midi… Seule activité prévue dans la journée, du patin à glace sur la Place Rouge, rien que ça ! Pierre en profite pour étrenner son cadeau de noël : de magnifiques patins de hockey. La session dure quand même 1h30 (de 14h30 à 16h00) ce qui nous laisse largement le temps d’en profiter. Le cadre est vraiment exceptionnel, complété par les danses de grâcieuses patineuses russes. C’est la première fois que j’essaie des patins de hockey, et c’est un régal. C’est nettement plus maniable et très proche du roller finalement. Après un petit quart d’heure d’acclimatation je retrouve de bonnes sensations. Pour la première fois, j’arrive à déraper, par contre aux prix de quelques belles chutes. Pierre, un peu fébrile au début, s’en sort très bien finalement, même si on sent une certaine appréhension dans sa glisse. Une bonne petite pause, primée d’un chocolat chaud, nous permet de nous remettre de nos émotions. Et ça c’est du chocolat chaud, bien dense à souhait. Un dernier petit quart d’heure de glisse pour profiter une dernière fois du cadre alors que les illuminations font leurs apparitions.

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Vidéo envoyée par ricolas

Retour à l’appartement, tous mes compagnons piquent une petite sieste. Pierre surtout semble en avoir bien besoin s’il veut que les démons de minuit l’entraînent jusqu’au bout de la nuit. Pour ma part, je me mets au fourneau pour préparer une quiche lorraine.

Au réveil de tout le monde, nous commençons à préparer la table, que des bonnes effluves montent des différents plats : foie gras, saucissons, jambon de pays, magrets de canard séchés, cou de canard farci, rillettes de saumon, beignets à la viande, caviar rouge (Union Soviétique oblige), chouba (salade de betterave, morue, oignons, … préparée par Natalia et sa mère), … et encore chaque invité doit en plus amener un plat !

Les amis de Natalia nous font découvrir une variante du quart d’heure toulousain, la demi-heure moscovite. Au final, nous ont rejoints, Anya, Maria T. (la blonde), Maria S. (la brune), Andreï, Olga et une de ces amies. Olga d’ailleurs a bien faillie ne pas venir, pour cause de superstition… il est a priori mal venu de manger du porc pour le réveillon de l’année du cochon. Et vu la liste des denrées sur la table, on est mal ! Le langage officiel de la soirée est le russo-germano-franco-anglais. Pas toujours facile à assimiler, mais heureusement pour nous, petits français, la plupart parle en fait très bien français. En plus de nos denrées, il y a maintenant du filet mignon, du poisson fumé, des toasts au thon, du poulet, … et bien sûr pour faire couler : du vin rouge, de la vodka et du vin de prune. Ce dernier, très sucré, se boit d'ailleurs très bien en apéritif.

Le temps passe vite si bien entouré et je ne me rends pas compte qu’il est déjà presque minuit. Nous allumons la télé pour suivre le décompte et qu’elle joie de découvrir que les vœux sont prononcés par M. Poutine. De joie, d’ailleurs il n’en respire pas, toujours aussi placide. Ensuite le champagne coule à flot.

Nous décidons de faire un petit tour dehors. Et là surprise, la neige s’est mise à tomber. Nous prenons la direction de l’Etang du Patriarche à dix minutes de chez Pierre. L’ambiance y est festive, de nombreux feux d’artifices « sauvages » sont lancés. Andreï, bien que solidement bâti, semble avoir du mal à encaisser l’alcool qu’il a pu avaler. Les petits français, très joueurs, lance une bataille de boules de neiges générale : de grands gamins. Puis s’organise une petite séance de glissades. Une petite pente gelée de 5 m conduit à l’étang gelé… la piste est prête, ne manque plus que les artistes. Je m’y essaie en premier dans un style très classique (sur le cul). Jef m’emboîte le pas en visant une note artistique plus élevée : la tête la première. Romain, l’âme du patineur, essai debout, un brin risqué, sa tête s’en rappelle peut être encore. Je tente ma chance également debout, avec succès. Viennent ensuite les versions deux de couple : Maria et Natalia - Pierre et Jef. Jef attend Pierre en bas pour le faire passer entre ces jambes, l’idée est bonne, mais la réalisation manque un brin de classe…

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Vidéo envoyée par ricolas

La nostalgie du pays m’incite à entamer le chant « dans les prisons de Nantes » avec Pierre. Nous joignons en plus les gestes à la parole et dansons comme il se doit. Ensuite je ne sais plus trop pourquoi (sans doute un pari stupide) mais Pierre et moi commençons un strip-tease, sous les vivas de la gente féminine. Par –2°C, nous allons quant même jusqu’à enlever le haut ! Je me demande parfois ce qui me passe par la tête. Pour lutter contre le froid, les russes sont équipés de choubba (manteau de fourrure, à ne pas confondre avec chouba, salade russe). Je ne peux m’empêcher de penser que le nom de Choubaka dans StarWars vient de là (littéralement en russe : la petite fourrure), ceux qui connaissent feront le rapprochement. Retour à l’appartement sous le feu des boules de neige.

Diverses discussions s’engagent ensuite, toujours est il qu’il semble que Romain est tombé sous le charme d’Anya et ça se comprend. Jef essaie bien de le court-circuiter mais le petit parisien tient bon.

Pour finir cette nuit bien remplie, un petit jeu de mime se met en place dans la bonne humeur. D’un côté Natalia, Maria, Maria (non je ne bégaie pas), Pierre et moi, de l’autre Jef, Romain, Andreï et Anya.

Ce réveillon est l’un des meilleurs que j’ai passé. Tous les ingrédients étaient réunis : une bonne ambiance festive, une bonne compagnie, bien arrosé (mais pas trop), de la neige, … bref un vrai bonheur.

 

Lundi 1 janvier :
 

Le réveil est de plus en plus difficile, surtout pour Pierre et Natalia. Dans l’attente de leur réveil, nous entamons un brunch digne de son nom. La partie petit déjeuner est sommaire, par contre nous enchaînons rapidement sur le foie gras, le caviar et les rillettes de saumon : rien que ça ! Et puis ensuite il y a la chubba, la quiche, le filet mignon… il faut préciser que le frigo est encore plein des restes de la veille (on va quand même mettre une semaine à quatre pour le vider).

L’après midi s’écoule tranquillement, nous en profitons pour envoyer quelques mails pour souhaiter la bonne année et comater devant des sketchs de Chevalier et Laspalès (« le pomasson » revient souvent pour le plus grand plaisir de Jef). Ah si, Jef envoie un message à la grande Catherine, message qui restera sans suite à son plus grand désarrois.

Histoire de s’oxygéner un peu, nous sortons faire un petit tour vers le Kremlin et la cathédrale du Christ Saint Sauveur. Au passage d’un pont sur la Moscva, nous bénéficions notamment d’une vue superbe sur le Kremlin de nuit.

La soirée est cette fois-ci plus soft. Maria et Anya nous rejoignent pour nous aider à finir les restes. Ensuite nous entamons une petite partie de Jungle Speed… avec toutes les cartes (y compris les plus complexes). Ce n’est pas une mince affaire pour nos 3 débutantes, mais il semble qu’elles se prennent vite au jeu et elles s’en sortent bien. Maria a peut être eu juste un peu de mal au début et a eu tendance à inverser l’objectif du jeu. Heureusement elle a vite compris qu’en fait il ne fallait pas stocker les cartes, mais ne plus en avoir… Nos charmantes compagnes semblent accuser le coup de la soirée de la veille et nous quittent rapidement. Nous finissons la soirée par un petit film : Cars, rien de grandiose mais idéal pour finir une journée off.

 

Mardi 2 janvier :

Ce matin est malheureusement le dernier pour Romain. A voir Romain faire son sac, cela me rappel vaguement nos périples dans les Alpes. Il a la même technique pour faire son sac, enfin justement il n’en a pas vraiment…

Avant son départ, nous avons juste le temps de faire un saut au musée de la révolution (à côté de chez Pierre). Oh surprise, il y a une plaquette en anglais dans chaque salle ! Cela nous permet d’avoir un panorama assez complet de l’évolution de la Russie au cours du XIXème et du XXème siècle. Aaaaah le petit Pierre des peuples, pardon petit père…

C’est Viktor, notre chauffeur attitré, qui vient récupérer Romain. Le soir, pour changer, nous mangeons, foie gras, rillettes de saumon, quiche, chubba, … Pour clore cette journée encore plus soft que la précédente, j’entame un puzzle en compagnie de Jef et Natalia.

 
 

Mercredi 3 janvier :

Ce matin, Pierre et Natalia nous ont réservés une surprise : nous sommes invités à assister au spectacle de nouvel… pour les enfants. Munis de nos passes, les deux enfants et les deux adultes accompagnant (à vous de choisir qui est qui) prennent la direction de Kitai Gorod (littéralement le quartier chinois, qui ne l’est plus vraiment). Le spectacle se déroule dans un grand hall couvert d’une verrière, un peu à l’image du grand palais à Paris, mais en moins beau (chauvinisme oblige). Le spectacle alterne des numéros de cirque (dressage de chiens, voltige, …) et des scènes avec des peluches géantes tirées d’un dessin animé russe. Ce spectacle enchante les enfants présents, pour ma part le spectacle se situe autant sur scène que dans les gradins. Je dois dire qu’entendre des enfants chanter « back in USSR », probablement sans vraiment comprendre la porter des paroles, c’est assez original.

Après une bonne heure d'un spectacle enchanteur, un vague frémissement commence à agiter les enfants présents. J’en comprends rapidement la raison, il y a une distribution de cadeaux à la fin du spectacle. Quelle que soit la nationalité, un enfant reste un enfant… Les grands enfants que nous sommes ne manquons pas également d’aller retirer nos cadeaux. Il s’agit d’une boîte en forme de boule contenant diverses confiseries (chocolats, caramels, gâteaux, …). Ces dernières auront, je l’espère, été appréciées par mes collègues de bureau.

Pierre nous quitte ensuite pour faire un petit saut au boulot. Jef, qui est passé en mode enfant aujourd’hui, fait une petite sieste de retour à l’appartement. A son réveil, le musée polytechnique nous attend. Sur le trajet, une image retient notre attention : un gros hummer garé juste devant un bâtiment de l’ex-union soviétique ! Une bonne partie du contraste actuel de Moscou est résumé là : d’un côté le capitalisme sauvage, de l’autre les restes d’un système qui aura imprimé les esprits pendant plus de 80 ans.

Le musée regroupe les évolutions technologiques et scientifiques de la Russie. Pour les scientifiques que nous sommes, c’est pour le moins intéressant, même si le temps semble s’être suspendu au début des années 1980. En même temps, cela donne un petit charme désuet pas désagréable. Dès les premières salles, je suis rattrapé par le travail : il y a des maquettes de haut-fourneaux, de laminoirs, de fours à arcs, … mais c’est somme toute plus drôle que désagréable. Ensuite c’est au tour de Jef d’admirer les assemblages de crayons nucléaires ! Une des maquettes de la salle sur l’énergie attire mon attention : une centrale nucléaire mobile ! Elle est constituée de quatre wagons sur chenilles dont un abrite un petit réacteur. Je ne sais pas par contre ce que ça donne en terme de sécurité… A noter également dans le musée les originaux des notes prisent pas Mendeleïev lors de la constitution du tableau périodique des éléments, et la première bombe nucléaire russe (... vide). Ce musée est plaisant, dommage que nous ne soyons pas en mesure de suivre les exposés. A la sortie, il pleut et la neige a sérieusement fondue : les températures sont sérieusement remontées au-dessus des normales saisonnières. J’en viens presque à être déçu, moi qui m’attendais à souffrir du froid.

Nous regagnons l’appartement par le chemin des écoliers en sillonnant dans Kitai Gorod puis dans les quartiers chics. Dans Moscou la nuit, il n’y a pas à dire, les bâtiments sont vraiment superbes (si l’on fait abstraction par moment des voitures). Sur le chemin, nous visitons notamment une petite église un peu à l’écart des circuits touristiques. L’intérieur y est très chaleureux et dénote des grands classiques que nous avons fait jusqu’à présent.

Au menu ce soir, je vous le donne en mille Emile… eh bien non pas des restes. Natalia nous a préparé une bonne soupe et en dessert de la compote ! Incroyable, il n’y a pas de charcuterie sur la table (enfin presque).

Petite sortie soft le soir dans un bar tchèque. Nous apprenons à Natalia un jeu hautement intelligent avec les sous bogs des bières… on s’amuse comme on peut. Je montre ensuite mes pouvoirs de télé-kinésie avec des allumettes. Juste avec mon influx nerveux, je suis en mesure de faire sauter une allumette reposant sur une autre, et ça marche vraiment. Je suis d’ailleurs disposé à faire une démonstration à qui le souhaite : c’est scientifique ! D’ailleurs ayant, tout donné pour ce petit tour de passe passe (eh oui il y a un truc), je vais me coucher.

 
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Publié dans Voyages

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