Surprenant et Sympathique Séjour en Russie: SSSR (suite)

Publié le par Nicolas

Suite de l'article CCCP... tout ne tient pas dans un seul article. Je me demande combien sont venus à bout de la première partie!


Jeudi 4 janvier :

Aujourd’hui est un grand jour, les deux touristes que nous sommes allons voler de nos propres ailes, Pierre et Natalia travaillent aujourd’hui. Nous avons prévu un périple en train à 60 km de Moscou.

La première partie du trajet s’effectue en métro, moyen de transport que nous commençons à maîtriser. La philosophie pour s’orienter n’est pas tout à fait la même que son homologue parisien. Il y a un seul quai central qui dessert deux voies. Les stations desservies sont indiquées sur un panneau central au milieu de l’allée et cela permet également de choisir le bon quai (sous réserve de lire à peu près le russe). La différence majeure est surtout pour la descente, les noms des stations n’apparaissent pas forcément lors de l’arrêt des rames. Les maîtres mots sont donc anticipation et compréhension orale. En effet, lorsqu’une rame arrive dans une station, le nom de celle-ci est annoncée par haut-parleur. Ensuite juste avant la fermeture des portes, le nom de la station suivante est précisée. C’est plutôt bien pensé, encore faut il que l’oreille se soit un tant soit peu habituée à la langue russe.

Une fois sortie du metro, il nous faut trouver la direction de la gare, pas facile sans comprendre les panneaux d’orientation. Ce premier obstacle levé, reste à trouver la bonne gare… pare qu’il n’y en a pas une mais trois regroupées côte à côte ! Après avoir tourné et retourné le plan dans tous les sens, nous finissons par trouver la bonne entrée. Direction les guichets ensuite, le premier est un échec. Il nous fait comprendre froidement qu’il faut demander à côté. Cette fois-ci, une babouchka nous fait face. Nous parvenons à faire comprendre en russe (pas un mot d’anglais et sans les mains) que nous voulons deux aller-retour. La guichetière anticipe même notre question suivante, et nous indique sur sa calculatrice 931 et nous montre la voie d’en face. Je regarde ma montre, 9h28. Nous la remercions et sautons dont le train à proximité : quel timing ! 3 minutes plus tard le train se met en route.

Heureusement que Pierre nous avait prévenu, il ne faut pas trop compter sur le chauffage et il faut penser à prendre un bon bouquin (1h45 de trajet pour cet omnibus). Par contre, il n’a pas précisé qu’un coussin était le bienvenu : les sièges sont en bois massif. Quoique, cela n’empêche pas Jef de piquer un petit som’. Pour la première fois depuis une semaine, nous quittons Moscou et apercevons des morceaux de campagne russe. Ca change un peu, et ça fait même du bien de voir quelques étendues « sauvages ». Nous avons de la chance, Serguei Possat est le terminus, ce qui nous enlève le risque de nous retrouver à 200 km de Moscou.

Serguei Possat fait partie des villes de l’anneau d’or. Il s’agit d’une couronne de 60 à 200 km autour de Moscou qui regroupent les villes historiques de Russie :anciennes capitales des diverses principautés qui ont formées la base historique de ce qu on appelle maintenant la Russie Eternelle. Ici, nous sommes dans le berceau de l’église orthodoxe Russe. Si les routes de Moscou souffrent un peu du gel, ici c’est le martyr qu’elles souffrent, pas la peine de chercher une surface plane. Après 10 petites minutes de marche et la traversée d’un marché typique, nous entrons dans l’enceinte du couvent, principale curiosité de la ville.

Une fois de plus, les bâtiments sont hauts en couleurs et nous en prenons plein les yeux. Par contre, s’il y a toujours du monde, la population a changée. Nous sommes passées des masses de touristes de la place rouge aux pèlerins. Bon nombre de personnes sont là pour se recueillir sur la dépouille des saints inhumés dans les églises. C’est même très impressionnant de voir bon nombre de personnes embrasser les cercueils. Et puis malgré cette présence nombreuse, des moines sont toujours présents. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils dégagent une impression de mystère, voir de malaise, dans leur grande tenue noire et avec des belles barbes imposantes (à rendre Jef jaloux qui profite de ces vacances pour se laisser pousser la barbe).

Nous partons ensuite à la recherche d’un endroit pour nous restaurer et nous échouons dans ce qui s’apparente à une petite cantine à l’étage de la gare routière. Après avoir essayer de transcrire le menu, j’opte en désespoir de cause pour l’un des seuls mots culinaires que je maîtrise : le borsch (soupe de betterave avec de la viande et de la crème). Jef montre directement dans la vitrine une sorte de petite pizza et un gâteau au fromage. J’imite ensuite Jef et opte également pour la pizza. Au final, nous nous en tirons pour l'équivalent d'un euro chacun, rien à voir avec les prix de Moscou. Cela me rappelle un commentaire de Natalia qui nous a bien précisé que Moscou ce n’est pas la Russie (ou en tout cas que le reste de la Russie est très différent de Moscou).

De retour à la gare, il nous reste à trouver un train. Un panneau indique un départ sur l’autre quai dans 2 minutes… une petite course plus tard et nous voilà en direction de Moscou, et en plus dans un « express » qui ne mets « que » 1h.

Pour retourner à l’appartement, nous prenons le chemin des écoliers et empruntons la ligne de metro circulaire. Elle est réputée comme la plus belle du réseau moscovite… et c’est justifié. Les mosaïques, lustres et autres décorations sont exceptionnellement beaux et colorés. Il est également amusant de voir que les mêmes thèmes reviennent souvent : Le travailleur, la fermière, Lénine et bien sûr la faucille et le marteau… ex-communisme oblige.

Jef profite que l’après midi ne soit pas trop avancée pour faire quelques courses d’eau (voda et vodka), puis nous allons nous poser tranquillement à l’appartement.

Je me mets quelques instants au fourneau pour faire une tarte tatin. Je sais, la gourmandise est un vilain défaut… toute une éducation à refaire. D’ailleurs pour toutes réclamations à ce sujet, s’adresser à Mr et Mme Richard à Oudon. Soirée tranquille à l’appartement.

 

Vendredi 5 janvier

La journée débute tranquillement par un tour à VDNKh. La visite vaut le détour également de jour, dommage que la neige est fondue. Nous sommes là aussi pour faire quelques emplettes. Jef achète notamment des bijoux en ambre pour sa mère et sa sœur, qui visiblement en sont adeptes. C’est surprenant de voir toutes ces petites boutiques et ce mini centre commercial dans un grand bâtiment d’exposition dont l’allure extérieure et la hauteur sous plafond sont imposantes.

Nous regagnons ensuite rapidement l’appartement, nous sommes invités à nous rendre en fin d’après midi dans la datcha des parents de Natalia. La datcha, c’est une petite maison de campagne que beaucoup de moscovites ont en complément de leur appartement. Cela permet notamment de passer les week-ends et les vacances au calme.

Après un premier saut en metro, Jef, Pierre, Natalia et moi, nous nous sommes retrouvés tous les 4 dans la voiture du père de Natalia, direction donc la datcha. L’accueil est une fois de plus très chaleureux. Nous proposons notre aide, et son père nous demande juste d’apporter quelques sceaux d’eau et du bois près d’un petit cabanon à l’extérieur. Ce que je crois être la chaufferie… est en réalité un sauna ! Mais avant ça, on a bu et on a mangé. Et bien mangé : borsch, blinis au saumon, gâteau, chocolat, le tout accompagné de thé… et de vodka ! Nous avons un peu l’occasion d’échanger avec les parents. A leur demande, nous faisons part de nos premières impressions sur Moscou et ses habitants sur les contrastes très marqués que nous avons pu observer, aussi bien au point de vue architecturale que sur la qualité et le mode de vie.

Ensuite, nous sommes allés faire une virée entre mâles au bania. C est un espèce de sauna russe. Tout nu dans un drap qui nous servait de pagne, nous entrâmes dans ce que j appelle une cocotte minute où on se fait cuire plus ou moins volontairement à petit feu. Dans un poêle en fonte, rugis un feu d’enfer. Au-dessus du poêle, on y ajoute des cailloux qui chauffent et qui servent à emmagasiner la chaleur. Quand l’air est sec, on verse une louche d’eau avec des huiles essentielles sur les caillasses pour que l’atmosphère se sature en vapeur. Le truc classique.

Alors que la température flirtait avec les cents degrés, le père de Natalia inonda les cailloux, si bien que les pauvres français suffoquèrent. J'ai été surpris de la réaction de Jef. Alors que nous subissions la première vague de vapeur, ce grand gaillard poussa des cris de pucelle effarouchée rencontrant l’homme pour la première fois.

Ne résistant plus à la chaleur étouffante, Pierre quitta précipitamment l’enceinte, pour revenir 5 secondes plus tard en disant qu'un français est un homme, un vrai un velu, qui s'écrit avec un H (pas "velu", mais "homme"). A ce moment, nous virent briller une lueur étrange dans les yeux paternels: On avait gagné le gros lot. Bojemoï, Bojemoï (mon dieu, mon dieu), cette réplique récurrente de Natalia, lorsque Pierre dérape, est également adapté à la situation qui va venir.

Armé de branches de noisetier liées en fagot, le père de Natalia commença à nous flageller le torse en criant, "Prenez, ça, les petits Français". Et de nous martyriser le dos, de nous fouetter avec des feuilles brûlantes. Imaginez-vous des corps d'éphèbes à moitie nu, luisant de sueur se faisant martyriser par un père de famille tout ce qu'il faut et professeur d’Université. Ca ressemble vaguement à ce qu'on pourrait voir sur pink tv. Et rajoutez en sus les vagissements d'un Jef échaudé... Je vous passe les détails.

Après ces 5 premières minutes de cuisson, nous sortons du sauna, pardon de la cocotte. Et là, il faut se verser une casserole d’eau froide pour se refroidir, histoire de nous saisir à point. Et encore, nous avons de la chance, il y aurait eu de la neige, nous aurions du nous rouler dedans !

Visiblement, nous ne sommes pas encore cuits, nous remettons ça une deuxième fois, puis une troisième,… cela devient de plus en plus facile de se verser de l’eau froide, elle devient même de plus en plus salutaire. Heureusement au milieu de toutes ces « sessions », il est possible de se réhydrater par un petit thé ou un jus de fruit… au dire de Pierre, ça aurait pu être à la bière ou, encore mieux, à la vodka !

Bon en fait c’est pas si terrible que ça, et puis après une bonne heure de recuit-trempe, j’ai l’impression d’avoir retrouvé ma peau de bébé et d’avoir doublé le volume de mes poumons. Quant au rhume qui commençaient à s’installer : disparu !

Nous laissons ensuite la place à Natalia et sa mère. Pendant ce temps, nous nous remettons de nos émotions devant un match de Hockey. L’une des équipes s’appelle Severstal (un grand groupe sidérurgiste), vous imaginé voir un match Arcelor – Paris en France, eh bien c’est pareil ! Jef et moi faisons les guignols avec les superbes, et véritables, casquettes de douaniers qu’a bien voulu nous prêter le père de Natalia. Vous trouvez pas qu’on a la classe avec ça. Nous remercions les parents de Natalia et retournons sur Moscou.

Chauffé à bloc par l’activité de la journée, nous prenons la direction du B2. Le passage au détecteur de métaux se passe mal pour Jef. Ce dernier transporte un objet illicite qui fait biper le dispositif. Il est donc obligé de le jeter à l'entrée. Mais quel est donc cet objet?!?  Il  s'agit d'une clémentine oubliée au fond de sa poche et allez savoir ce qui peut être caché à l'intérieur? Je les trouvent un peu parano à la sécurité. Nous y retrouvons les deux Macha, diminutif de Maria. Moi par exemple c’est Nicochouchka, mais surtout il faut entendre Natalia dire Pierrechouchka, ça sonne drôlement bien. Dans la série nom, on m’a aussi appelé Nicolaï Ivanovich (c’est pour Jean) Richardsky !

Nous optons pour l’ambiance latinos. Et alors là, je n’ai jamais vu ça. Je me demande comment j'ai fait pour éviter un torticolis ! La présence féminine n’a rien à voir avec celle des boîtes françaises. D’ailleurs l’ambiance s’en ressent. Ceci dit, nous sommes déjà très bien accompagnés. Je fais quelques pas de rock, m’essaie à la salsa, et danse jusqu’au bout de la nuit. Pierre et Natalia nous quittent en premier. Ce qui est appréciable, c’est que la musique n’est pas non plus trop forte, et nous pouvons également discuter avec les deux Maria. J’échange avec Maria sur nos points du vu sur les français et les russes et sur nos cultures respectives. J’apprécie tout particulièrement ces échanges inter-culturels, c’est toujours amusant de voir comment les étrangers perçoivent les « autochtones ». Pour ma part, je retiendrais que si les russes sont un peu froids au premier abord et au quotidien, la plupart sont très accueillants une fois la glace brisée. Concernant la gente féminine en particulier, c’est impressionnant de voir à quel point elles prennent soin de leur apparence et savent se mettre en valeur : maquillage et habillage sont souvent raffinés, ce qui n’est pas désagréable. Nous raccompagnons ensuite ces dames, jusqu’à leur voiture.

 

Samedi 6 janvier :

Vu le calme qui règne dans l’appartement à mon réveil, je sors me balader dans le quartier et en profite pour une de mes opérations préférées du week-end : baguettes et pains aux chocolats. Vu l’heure déjà avancée nos optons une fois de plus pour un bon brunch. Nous prenons ensuite la direction du musée Pouchkine. Ce dernier a récemment ouvert pour la bonne et simple raison que les œuvres exposées ont été ressorties des réserves, alors que tout le monde les pensaient détruites à la fin de la seconde guerre mondiale. Ces œuvres ont été récupéré par l’Armée Rouge en Allemagne et caché jusque là. L’Allemagne a bien demandé la restitution des ces œuvres depuis, mais la Russie estime que c’est une bien maigre « compensation » pour les 27 millions de morts russes du conflit. Il faut dire qu’il ne s’agit pas de petites œuvres mais de grands noms de l’impressionnisme, du fauvisme et du cubisme : Monet, Picasso, … un bonheur pour les yeux.

A peine sortis du musée que nous nous rendons au Bolshoï. Le grand théâtre est malheureusement fermé pour réfection, mais heureusement la troupe se produit dans un théâtre jouxtant le bâtiment d’origine. Au programme : le ballet « the golden age ». Ce spectacle en trois actes est envoûtant. En prime les notes orientales qui tintent la partition apportent un brin d’exotisme. La grâce qui incarne les danseurs est impressionnante, d’autant plus qu’ils tiennent le rythme sur une prestation de presque trois heures. Je ressors enchanté de ce spectacle.

Il est quand même 22h00 et la faim commence à se faire sentir. Direction une pizzeria près de chez Pierre. Maria et Maria nous rejoignent pour cette dernière soirée en Russie. Le restaurant est désert, de même que les rues. En fait, c’est le noël orthodoxe ce soir et beaucoup de personnes le célèbre en famille, d’où le calme qui règne.

Nous sommes un peu plus raisonnable et n’optons pas une fois de plus pour une sortie en boîte, mais plutôt pour un salon de thé. Comme dirait le célèbre philosophe français Renaud : « on est quand même moins jeune qu’avant ». Shokolanidsa, une semaine que Pierre nous en parle. Suivant ces conseils, je prends un chocolat chaud si dense, qu’il ne se boit pas, il se mange à la petite cuillère ! Mais si je suis gourmand, il y a mieux, ou pire (au choix). A voir la tête de Natalia, Pierre et Maria déguster leurs desserts, les autres plats n’ont pas l’air mal non plus. L’ambiance est toujours au beau fixe et une fois de plus la soirée est des plus agréable.

 

Dimanche 7 janvier :

Réveil vers 10h00, le temps de faire nos valises, de petit déjeuner, de graver 2 CD des quelques mille photos que nous avons pris (rien que ça) et c’est déjà l’heure de partir. Nous remercions chaleureusement nos hôtes, je suis presque sur le point de verser une petite larme. Viktor nous ramène à l’aéroport, en une demi-heure cette fois-ci. Vu que mon avion part deux heures après celui de Jef, je profite de ce temps libre pour prendre des notes sur le séjour en prévision de ces quelques lignes.

Si vous ne l’avez pas ressenti en lisant ces lignes (ce qui m’étonnerait), ce séjour a vraiment été exceptionnel à tout point de vue et j’en remercie une fois de plus nos hôtes.

Publié dans Voyages

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